Le stade du miroir, une étape essentielle pour le jeune enfant 

Le stade du miroir est une étape essentielle dans le développement de l’identité du tout-petit.

Le stade du miroir a été longuement conceptualisé par différents psychanalystes. C’est Henri Wallon, qui a été le premier psychologue à relever l’importance du miroir dans la construction psychologique de l’enfant. Jacques Lacan, Donald Woods Winnicott, Mélanie Klein et Françoise Dolto, ont introduit ce stade dans la théorie psychanalytique.

Le stade du miroir, c’est la reconnaissance de soi via son reflet. C’est ainsi que le tout-petit va faire l’acquisition de « son schéma corporel qui désigne la lente prise de conscience qui va lui permettre d’avoir une image de toutes les parties de son corps ». Donc, progressivement, le tout-petit va se reconnaître et accéder enfin au monde en tant qu’individu. Cette étape marque alors une forme de distanciation avec sa maman pour devenir et être soi. L’expérience du miroir est rendue possible du fait de la présence à ses côtés de sa mère ou d’un adulte. L’enfant n’est pas seul, car s’il l’était, il risquerait de se perdre dans le miroir alors que la personne qui le tient dans ses bras lui parle, l’appelle par son prénom. Le stade du miroir est alors une phase « de la construction de l’être humain ».

Le stade du miroir chez le tout-petit commence entre 4 et 12 mois. Il ne se reconnaît pas encore mais il est amusé de voir en face de lui un compagnon de jeu. Il va sourire au visage de l’adulte qui est près de lui, sans avoir vraiment compris qu’il ne s’agit alors que d’un reflet.

Entre 12 et 18 mois, le tout-petit fera des signes à celui qui est en face de lui puisqu’il le prend pour un autre enfant qui bouge en même temps que lui. Il peut s’étonner malgré tout qu’il fasse tout comme lui en même temps. Il va sans aucun doute toucher le miroir pour voir ce qu’il y a derrière. Il sera bien évidemment tenté d’attraper la main de l’enfant qui est devant lui et même de l’embrasser. C’est un grand classique de la découverte de son image.

De 18 mois à 2 ans, il prend toujours le copain du miroir pour un autre. Mais, petit à petit cette image le met mal à l’aise puisque cet autre ne veut même pas prendre le jouet qu’il lui tend.

En grandissant, entre 2 et 3 ans, il n’y a plus de mystère. Il a compris que c’est bien un reflet dans le miroir. Il se reconnaît alors avec plaisir tout en étant déçu qu’il ne s’agisse pas d’un autre enfant pour pouvoir jouer. Lacan a observé que la reconnaissance par l’enfant de son image provoque chez lui « une jubilation », lui qui jusqu’ici se vivait comme « un corps morcelé » va intégrer l’image d’un corps unifié. Alors, les jeux devant le miroir l’intéressent de moins en moins et préfère aller jouer avec des enfants en chair et en os. Le jeune enfant alors se reconnaît pleinement dans le miroir de la même façon qu’il se reconnaît des autres personnes sur une photo ou une vidéo.

Le psychologue Mickael Lewis a montré une expérience assez originale pour découvrir à quel stade l’enfant se trouve dans la découverte de son image. Il suffit de lui donner un miroir pour se regarder. Après un certain temps, distrayez-le et profitez-en alors pour lui mettre discrètement un peu de rouge à lèvres ou une gommette sur le nez. La réaction du jeune enfant sera variable en fonction de son âge. Vers 12 mois, il se regarde attentivement et remarque bien évidemment la drôle de couleur sur son nez. Vers 15 mois, il touche le miroir pour essayer d’effacer la trace et à partir de 18 mois, il commence à essuyer son propre nez.

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