Comprendre et gérer les amis imaginaires des enfants

Lorsqu’un enfant vous demande soudainement de faire de la place pour Bubulle , son ami imaginaire, il est normal que vous restiez perplexe. Comment apprendre à gérer ce phénomène qui touche un tiers des enfants ?

• Des créations sous toutes les formes
• Qui développe des amis imaginaires ?
• A quoi servent-ils ?
• Comment héberger ces invités impromptus
• Laissez l’enfant prendre soin de son ami
• Des limites à garder en tête

On estime qu’environ 65% des enfants développent au moins un ami imaginaire au cours de leur croissance, ce pourquoi il va falloir vous préparer à fréquemment faire leur connaissance après avoir obtenu votre CAP AEPE . Il peut parfois même s’agir d’une véritable ménagerie les accompagnant partout.

Ces amis prennent régulièrement la forme de choses appartenant à leurs environnements : jouets, animaux, personnages de dessin animé... ou parfois simplement un amalgame né de leurs imaginations débordantes. Les conditions d’apparition et particularités d’un ami imaginaire sont aussi nombreuses et variées que les petites têtes qui les accueillent. Il arrive que ces derniers soient confinés à une seule pièce, qu’ils soient minuscules ou gigantesques, qu’ils disparaissent et reviennent à souhait et parfois même qu’ils possèdent des superpouvoirs.

Les amis imaginaires peuvent commencer à apparaître lorsque l’enfant comprend le fait qu’il existe d’autres entités en dehors de la sienne, avec des envies et des personnalités différentes. On estime en moyenne qu’ils peuvent se manifester au plus tôt autour de deux ans et demi . Par la suite, ils peuvent être éphémères tout comme ils peuvent demeurer pendant des années.

De manière générale, les amis imaginaires disparaissent en même temps que l’enfance, à l’approche des 10 ans . Cela n’est pas toujours le cas cela dit, sans pour autant que cela ne soit grave, selon la doctoresse Laura Markham. L’experte reprend même l’autobiographie d’Agatha Christie, qui disait encore voir des personnages imaginaires au cours de sa vie adulte.

Aucun lien sérieux n’a été démontré entre la création d’un ami imaginaire et le développement cognitif d’un enfant : en bien ou en mal. On remarque simplement des points communs entre les enfants ayant tendance à en créer, comme une facilité à se faire des (vrais) amis, une certaine créativité et une forte empathie. Les filles sont également légèrement plus susceptibles que les garçons de voir apparaître ces créations au cours de leur enfance.

Il n’existe aucun consensus scientifique quant à la manière dont ces amis apparaissent. Cependant, certaines théories sont avancées sur le fait que bien souvent, ils permettent de combler un manque dans le développement d’un enfant . Cela peut être dû à un manque de véritables amis, à des horaires de jeu trop strictes ou au fait que l’enfant ne puisse pas suffisamment décider à quoi il peut jouer (en crèche ou à cause de ses frères et sœurs qui prévalent, par exemple).

Il peut également s’agir d’une volonté de projeter sur une autre personnalité de nouvelles expériences émotionnelles testées par l’enfant. Ces amis ont tendance à combler les places manquantes dans des relations difficiles à reproduire dans la réalité. Il est par exemple commun de voir une petite fille « adopter » un ami faible et dépendant, ayant besoin qu’on s’occupe de lui (comme un bébé, ou petit animal), ce qui lui donne un sens des responsabilités . Plus souvent les garçons vont avoir tendance à créer des êtres grandioses, dotés de superpouvoirs comme cracher du feu ou être capable de rester debout jusqu’à minuit, ce qui les inspirent à devenir aussi forts qu’eux.

Un ami imaginaire n’est au final qu’une forme plus avancée du jeu « faire semblant » , un jeu de rôle pratiqué par tous les enfants et essentiel à leur développement.

Si ce phénomène est connu et reconnu, à tel point qu’il n’inquiète plus les chercheurs depuis longtemps, il peut se montrer dérangeant pour un adulte, qui n’a que peu de prises sur l’irréel de l’enfant.

De manière générale, les enfants de plus de quatre ans comprennent que leur ami imaginaire est bel et bien imaginaire ; cela ne les rend pas moins réel pour autant à leurs yeux ! En premier lieu, il est néanmoins très important de faire comprendre à l’enfant les limites entre le monde réel et le monde imaginaire . Son ami n’existe pas réellement, il n’y a que lui qui peut le voir et il ne peut pas interagir avec de vrais objets ou personnes.

En revanche, il reste le bienvenu et il peut jouer avec lui autant qu’il le souhaite, pour peu qu’il ne perturbe pas les activités d’autres réelles personnes : les adultes comme les autres enfants. Chercher à confronter l’enfant directement en le forçant à abandonner son ami imaginaire ne s’avère bien souvent ni fructueux ni bénéfique pour ce dernier, il vaut mieux attendre que cette tendance passe d’elle-même.

De manière générale, la meilleure chose à faire est simplement de reconnaître l’existence d’un ami imaginaire et de laisser faire l’enfant : il s’agit d’un moyen de manifester par le jeu ses émotions et son développement mental.

Il est conseillé d’adopter une attitude réactive vis-à-vis de ce nouveau visiteur. Il faut prendre en compte le fait qu’il existe pour l’enfant et qu’il a une importance pour lui, mais autrement, de purement l’ignorer tant qu’il n’est pas mentionné et de ne rien arranger autour de lui.

Il est possible que l’enfant vous demande de faire participer son ami à des activités : il peut par exemple vous demander de lui parler directement (et de le comprendre, bonne chance à vous), de lui laisser la porte ouverte pour passer ou de lui donner une feuille supplémentaire pour qu’il puisse dessiner avec lui.

A vous de juger en fonction de la situation, mais, pour peu que cela ne perturbe pas votre organisation, il n’y a rien de mal à le laisser s’adonner à ses fantaisies . Si l’enfant est en âge d’accomplir quelques tâches, il est d’ailleurs conseillé de l’encourager à s’occuper directement de son ami, de lui laisser la porte ouverte lui-même ou de mettre un couvert en plus pour lui comme un grand. Il peut s’agir d’un excellent moment pour lui enseigner un sens des responsabilités : puisqu’il est le seul à pouvoir le voir, il est le plus à même à en prendre soin.

Il convient de rappeler que l’ami imaginaire est toujours indubitablement imaginaire. Il faut donc parfois rappeler aux petits les frontières entre faire-semblants et réalité . S’il peut être attentionné de sortir une assiette pour un hôte imaginaire, pas question par exemple de la servir en nourriture, ou que les besoins de sa non-existence empiètent sur les activités d’autres enfants.

Similairement, il est commun pour un enfant ayant commis une bêtise de reporter la faute ce complice invisible. Faites-lui comprendre que cette excuse n’est pas valable et agissez en conséquence. Un raisonnement efficace pour l’aider à comprendre peut-être d’appliquer la logique suivante : un ami imaginaire ne peut manger que de la nourriture imaginaire et ne peut faire que des bêtises imaginaires.

Enfin, bien que cela soit rare, il peut arriver qu’un enfant préfère la compagnie d’amis imaginaires plutôt que ceux du monde physique. Si cela n’a rien de problématique à voir un enfant s’isoler pour jouer seul de temps en temps, il peut néanmoins s’agir d’un comportement à surveiller sur le long terme s’il est trop fréquent.

La gestion des amis imaginaires est un exercice particulier qui varie énormément au cas par cas. Plus de la moitié des enfants sont susceptibles de développer l’un d’entre eux, ce pourquoi apprendre les bons réflexes peut être un atout pour votre préparation au CAP Petite Enfance (AEPE). Ne soyez pas effrayé cela dit : leur présence est bien plus souvent la source d’éclats de rire que de réels ennuis.